Analyse critique de la manif du 5 décembre 2020 contre la Loi Sécurité Globale

Nos compte-rendus n’ont pas vocation à refléter l’entièreté ou la chronologie de la manif, mais cherchent à revenir sur les tactiques de rue dans le but de continuer à développer ensemble notre défense face à la police. Comme tous les comptes rendus, il a été écrit d’un certain point de vue : celui de la défense collective comme pratique. Et se défendre ensemble, pour nous, ça commence dans la rue. Les analyses critiques sont écrites au passif pour des raisons que chacun.e peut imaginer mais en tant que manifestant.es nous cherchons à nous les appliquer d’abord à nous-mêmes. Lorsqu’un nous est utilisé, il l’est au sens des personnes présentes à cette manifestation.

En arrivant dans la manif, premier constat, flagrant : les flics n’ont pas l’intention de nous laisser la rue aussi facilement que la semaine dernière. Des gendarmes mobiles (GM) encadrent le cortège des deux côtés. Leur proximité est pressante, d’autant plus que la rue n’est pas si large. Les premières incursions policières arrivent rapidement. Mais, s’il n’y avait pas autant de monde que la dernière fois, l’intervention du cortège était aussi déter. Jets de peinture flashy, feux d’artifice flamboyants, pétards et fumigènes ont tenu les flics à distance pas mal de fois. Si la police avait le malheur de faire un pas en arrière, la foule les repoussait, se jetant sur eux, accélérant ou provoquant leur retraite. Finalement nous pouvons dire qu’à nouveau, nous avons réussi à tenir la rue, et à y faire ce que bon nous semble. Retour ligne automatique
La BAC a repointé le bout de son nez après une période d’hibernation. Nous ne les avions pas vu depuis un moment. Ils sont restés dans la manif moins de 30 secondes avant de se faire méchamment chasser. Allez, bye bye ! Pourvu qu’on ne les y reprenne pas.

Quelques mots sur la CGT, qui a d’abord refusé de laisser passer une foule qui reculait face à une charge, contraignant certain.es compagnon.nes à rester dans le champ de tir des keufs et à étouffer dans les gaz, serré.es comme des sardines. On n’oubliera pas. Puis ils ont choisi d’essayer de quitter la manif, car ils « n’y arriveront pas », alors que c’était toujours la guerre urbaine. Nous disons « essayer » car c’était sans compter les camarades qui s’asseyait sur leur capôt ou celleux qui s’en sont pris à leurs vitres. Ils ont été taxés de tous les noms, surtout de « traîtres », ce qui a failli les faire changer d’avis… mais non lol ! Nous n’en attendions pas moins, et leurs pratiques ne viennent pas briser notre confiance en eux, déjà inexistante.Retour ligne automatique
Une soixantaine d’interpellations pour une vingtaine de placements en garde-à-vue, mais de belles contre-charges, barricades, au moins 7 voitures brûlées, et agence bancaires et immobilières complètement hors service. Nous exprimons notre solidarité envers tous.tes les personnes arrêtées samedi. Si certain.es d’entre vous sortent du comico ou du tribunal avec une convocation ou une date de procès, n’hésitez pas à nous contacter pour qu’on prépare tout ça ensemble.

Quelques remarques ici encore :

Le principal problème que nous pouvons identifier pendant cette manif, c’est l’accumulation des mouvements de foule. A chaque gazage, à chaque approche des flics, il y avait des mouvements de foule difficiles à supporter. Les gens s’écrasaient les un.es sur les autres, le long des bâtiments et des barrières. Rappelons que les mouvements de foule créent davantage de stress, ce qui accentue l’effet des lacrymos. Pendant ces mouvements de foule, les camarades en première ligne n’ont aucune échappatoire, et subissent la pression policière de plein fouet. Beaucoup d’arrestations ont lieu dans ces moments de confusion. Nous tasser ne les empêchera pas d’aller au corps à corps s’ils en ont l’ordre et les charges policières ne vont pas systématiquement à notre contact. Avant de prendre la fuite, prenons le temps d’analyser la situation, si les flics courent toujours ou s’ils se sont arrêtés. Parfois, un bond offensif d’une dizaine de mètres leur permet de prendre du terrain simplement en nous faisant peur.

Si vraiment les flics vont au contact, faisons face ! Cela permet de mieux se protéger ou d’esquiver leurs coups, et d’éviter de se prendre un coup derrière la tête. Pour nous rassurer, nous pouvons penser à porter un casque. Casque de chantier, casque de vélo, casquette renforcée, tout est bon pour se mettre en confiance.

Quand des barricades sont apparues ou que des banderoles ont été déployées, même scénario, les camarades se sont rapidement retrouvés tout.es seul.es, tout le monde ayant fui à l’approche des flics. Les banderoles servent à nous protéger des charges, des caméras et des armes de la police. Elles arrêtent les tirs de LBD, de grenades, et constituent un rempart efficace avec lequel nous devons nous montrer solidaires. Evitons de créer des trous entre les banderoles et le reste du cortège, aggrégeons-nous derrière elles !

Les tirs de gaz ont eu lieu tout au long de la manif et plein de gens étaient en PLS. Face aux lacrymos, protégeons-nous avec des masques respiratoires de type FFP2 ou FFP3 et des masques de plongée, et respirons peu et doucement. Ne nous touchons pas les yeux, mouchons-nous et crachons.

Nous avons pu constater que les fumigènes ralentissent et gênent le travail des flics. Les recouvrir de fumée gêne leur compréhension de la situation et leur champ de tir. Inondons-les !

Nous avons vu plusieurs tirs de flashball en pleine tête. Pensons à nous protéger les yeux avec des masques de chantier ou de plongée qui englobe l’arcade ! Samedi, les fouilles aux entrées du dispositifs ne concernaient que les sacs. Quand les flics canardent au LBD, on peut aussi penser à entourer notre tête de nos bras pour se protéger davantage, un LBD dans le bras sera toujours moins grave qu’un LBD dans la tête.

Concernant les journalistes, dès le soir de la manif, les vidéos de camarades en action se sont déversées sur les réseaux sociaux, avec des images parfois franchement comprometantes. Nous devons nous montrer solidaire de toutes les actions du cortège, par exemple en les couvrant davantage, soit en empêchant directement les journalistes de filmer, soit en nous protégeant les un.e les autres avec des parapluies !

Nous tenons à revenir sur la composition du cortège, car même si on est ravi.es de voir autant de gens motivé.es à prendre part activement à la manif, on ne souhaite pas manifester avec n’importe qui. Nous avons relevé de nombreux comportements machos et virilistes, que ce soit ceux qui nous bousculent quand rien ne se passe ou ceux qui tentent de nous remettre à notre place de meufs ou assimilé.es, c’est-à-dire derrière, quand nous sommes à l’avant. La rue est à nous aussi, nous sommes féministes, déter, et nous nous battons contre le rôle genré et passif auquel on nous assigne. Quant aux slogans putophobes et sexistes « Les putes à Macron » et « Macron, on t’encule », ils ne seront jamais les nôtres. Nous réaffirmons notre solidarité envers les travailleur.euses du sexe et rappelons qu’ielles sont attaqué.es quotidiennenment, quant ielles ne sont pas assassiné.es, toujours dans l’indifférence générale, y compris celle des flics. Nous réaffirmons qu’aucune pratique sexuelle n’est dégradante en soi. Nous ferons usage de notre corps comme bon nous semble. Que ce soit pour enculer quelqu’un.e / nous faire enculer si on en a envie, ou pour se réapproprier, dans la rue et partout ailleurs, la violence qu’on nous confisque toujours.

Info importante, nous avons eu plusieurs retours ces derniers jours, d’identifications de camarades sur simple prise photo. Lors de contrôles, des flics ont pris des camarades en photo, et ont pu retrouver leur identité sans que les camarades ne l’aient donnée. Il semble que cela ne concerne que les camarades ayant déja accepté d’être pris.e en photo lors de précédentes garde-à-vue, ou ayant une fiche dans le TAJ (traitement des antécédents judiciaires). Un argument de plus pour refuser la signalétique, c’est-à-dire, d’être pris.e en photo et de donner nos empreintes en garde-à-vue ! Nous pouvons également refuser de baisser notre masque Covid pendant un contrôle, ce qui empêchera les flics de nous prendre en photo. Cette pratique policière est assez récente et permise justement par la Loi Sécurité globale, qui autorise les flics à envoyer en temps réel le contenu de leurs téléphones et caméras au poste de police, qui leur transmet en direct l’information de l’identité de la personne.

Contre le fichage policier, pour des cortèges féministes et vener,
Continuons la lutte contre la Loi Sécurité Globale !

Face à la police, défendons-nous dans la rue, toutes et tous ensemble !

On en profite pour vous inviter à un petit RDV sympa. Pour apprendre à gérer son stress face aux flics, à se déplacer de manière solidaire dans la rue et à se défendre en manif, on se retrouve le jeudi 17 décembre à 18h, au 39 rue des deux communes à Montreuil pour un atelier de déplacement collectif. Venez en tenue confortable, la session durera entre 2h et 3h.

Pour nous rejoindre RDV à notre réunion ouverte et publique tous les dimanche 17h30 au 23 rue du docteur potain (dans la petite ruelle), dans le 20e, métro Télégraphe.

Pour nous contacter : defensecollective-pb@riseup.net
Fb : Défense collective Paris Banlieues
Twitter : defensecopb

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